Les Forces de soutien rapide soudanaises affirment que leurs combattants ont pris Zalingi, la deuxième ville du Darfour en moins d’une semaine à tomber aux mains des paramilitaires combattant l’armée dans une guerre qui a débuté en avril.
La nouvelle de la capture de Zalingi, qui n’a pu être vérifiée de manière indépendante, a éclaté alors que des représentants de RSF et de l’armée étaient engagés dans des pourparlers parrainés par l’Arabie saoudite et les États-Unis pour parvenir à une trêve qui permettrait à l’aide humanitaire d’atteindre les millions de Soudanais touchés par les six violences. -conflit vieux d’un mois.
La prise de Zalingi, dans l’État du Darfour oriental, fait suite à la prise, la semaine dernière, de Nyala, la deuxième ville du Soudan après la capitale Khartoum, quasiment contrôlée par les RSF.
Dans un communiqué annonçant la capture de Zalingi, les RSF ont déclaré que leurs hommes avaient fait prisonnier le commandant de la garnison locale abritant la 21e division d’infanterie de l’armée, ainsi que 50 autres officiers et des centaines de soldats.
L’armée n’a fait aucun commentaire dans l’immédiat sur cette affirmation.
Une vidéo partagée en ligne par RSF montrait un commandant paramilitaire local se trouvant apparemment à l’intérieur de la garnison annonçant sa chute aux premières heures de mardi.
La dernière victoire des RSF leur donne le contrôle d’un champ pétrolier et d’une piste d’atterrissage associée qui a récemment été également utilisée par les chasseurs à réaction de l’armée pour bombarder les positions des paramilitaires.
Le champ pétrolifère et la bande sont situés de l’autre côté de la frontière de l’État voisin du Kordofan occidental.
Les travailleurs du champ pétrolier, qui produit entre 10 000 et 12 000 barils par jour, ont déclaré avoir été évacués dimanche soir en raison de l’attaque sur Zalingi, à proximité, mais un communiqué de RSF a voulu les rassurer mardi sur leur sécurité.
« Nous souhaitons assurer la société qui exploite le champ pétrolifère de Belila que nos forces (…) n’auront rien à voir avec le champ pétrolifère ou l’aéroport et que les employés doivent continuer à travailler pour le bien du peuple soudanais », peut-on lire dans le communiqué.
La guerre au Soudan a éclaté à cause de divergences dans la mise en œuvre de la transition démocratique entre le chef de l’armée, le général Abdel Fattah Al Burhan, et le commandant des RSF, le général Mohamed Dagalo, qui ont dégénéré en une lutte pour la suprématie militaire et politique.
Le conflit a jusqu’à présent déplacé près de six millions des 48 millions d’habitants du Soudan, tué des milliers de personnes et détruit une grande partie des infrastructures de cette vaste et pauvre nation afro-arabe. Cela a également plongé dans une profonde incertitude la transition démocratique dans laquelle le pays s’est lancé après l’éviction du régime du dictateur Omar Al Bashir en 2019.
Les médiations passées de l’Arabie saoudite et des États-Unis ont abouti à une série de cessez-le-feu, qui ont tous échoué ou n’ont pas été respectés avec diligence. Cela a incité les États-Unis et l’Arabie saoudite à suspendre le processus cet été. Les négociations ont repris la semaine dernière à Djeddah, mais n’ont pas encore produit de résultats tangibles.
L’armée et les RSF se sont principalement battus à Khartoum, mais le conflit s’est ensuite étendu à l’ouest, d’abord au Darfour occidental, où les paramilitaires et leurs alliés locaux ont tué des centaines de personnes lors d’attaques à caractère ethnique qui ont forcé des milliers de personnes à fuir vers le Tchad voisin.
Des combats entre les deux camps ont désormais lieu dans d’autres régions de l’ouest du Soudan, notamment dans et autour des villes d’El Obeid et d’El Fasher.
Le précurseur des RSF est la célèbre milice Janjaweed basée au Darfour, accusée par la Cour pénale internationale d’avoir commis des crimes de guerre pendant la guerre civile des années 2000. À l’époque, il combattait aux côtés du gouvernement contre les rebelles d’origine africaine exigeant la fin du monopole du pouvoir détenu par le Nord musulman et arabisé.
La CPI enquête sur les meurtres à caractère ethnique perpétrés cet été par RSF et ses alliés au Darfour.