L’Égypte a déclaré mardi que le délai de quatre mois convenu avec l’Éthiopie pour négocier la fin d’un différend de longue date concernant un barrage sur le Nil avait expiré sans aucun progrès.
« L’Egypte se réserve désormais le droit garanti par les chartes internationales de défendre son eau et sa sécurité nationale si elle est menacée », a déclaré le ministère des Ressources en eau et de l’irrigation dans un communiqué.
Aucune information n’était disponible dans l’immédiat en provenance d’Addis-Abeba sur l’issue des derniers pourparlers.
Le Caire affirme que le Grand barrage éthiopien de la Renaissance, ou Gerd, pourrait réduire sa part vitale de l’eau du Nil, ce qui constituerait une menace pour des millions d’emplois dans l’agriculture ainsi que pour son délicat équilibre alimentaire. Cela fait des années qu’il souhaite qu’Addis-Abeba accepte un accord juridiquement contraignant sur le remplissage et l’exploitation du barrage.
L’Éthiopie a insisté sur le fait que le barrage hydroélectrique sur le Nil Bleu est crucial pour le développement du pays et que l’Égypte et le Soudan, pays en aval, n’ont rien à craindre.
Il a également hésité à signer un accord juridiquement contraignant sur le barrage, affirmant que les recommandations devraient suffire, et a rejeté les suggestions du Caire en faveur d’une médiation internationale.
« La République arabe d’Egypte souligne qu’elle surveillera désormais de près le remplissage et l’exploitation du barrage de la Renaissance », indique le communiqué égyptien, sans donner de détails.
Le dernier cycle de négociations s’est tenu à Addis-Abeba et s’est terminé mardi. Il s’agit du quatrième et dernier cycle de négociations dans le cadre d’un accord conclu l’été dernier entre les deux pays visant à mettre fin au différend dans un délai de quatre mois.
Le Soudan, qui sera également touché par la construction du barrage, a toujours été partie prenante aux négociations.
« La réunion n’a donné aucun résultat en raison des mêmes positions éthiopiennes qui, au fil des années, ont rejeté les solutions de compromis juridiques et techniques visant à garantir les intérêts des trois nations », indique le communiqué.
« Il est devenu clair que la partie éthiopienne est déterminée à utiliser les négociations comme couverture pour consacrer la situation de facto sur le terrain. »
Addis-Abeba, poursuit-il, négocie uniquement pour obtenir l’aval de l’Égypte et du Soudan pour exercer leur contrôle absolu sur le Nil Bleu.
« Au vu de ces positions éthiopiennes, le chemin des négociations est désormais terminé. »
L’Égypte, le pays arabe le plus peuplé avec 105 millions d’habitants, a répondu de diverses manières à la menace perçue comme posée par le Gerd. Il a parfois fait allusion à une action militaire, mais a plus récemment insisté sur le fait que seule la diplomatie pourrait apporter une solution.
Le président Abdel Fattah El Sisi a décrit le conflit avec l’Éthiopie comme une question existentielle et a déclaré à plusieurs reprises que l’Égypte ne resterait pas les bras croisés si sa sécurité hydrique était menacée.
Pays essentiellement désertique, l’Égypte est classée parmi les pays les plus secs du monde, le Nil étant la source de plus de 95 pour cent de ses besoins en eau douce.
Le conflit autour du Gerd a pris une importance accrue en Égypte, qui importe une quantité importante de produits alimentaires. Les prix ont augmenté à l’échelle mondiale depuis le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine début 2022.