L’armée soudanaise et ses paramilitaires rivaux, les Forces de soutien rapide, se sont mutuellement reprochés l’attentat à la bombe commis mardi contre l’ambassade éthiopienne dans la capitale soudanaise.
L’armée et les RSF sont engagées dans des combats ruineux dans la capitale Khartoum et ailleurs au Soudan depuis la mi-avril, créant une crise humanitaire massive et forçant des millions de personnes à fuir leurs foyers.
RSF a été la première à porter plainte contre l’armée, affirmant que cet « acte barbare » avait causé des dégâts importants à l’ambassade, située dans le quartier huppé d’Amarat.
« Nous, membres des Forces de soutien rapide, condamnons et regrettons cet acte barbare. »
L’armée a répliqué aux accusations de RSF dans un communiqué publié quelques heures plus tard, affirmant que les RSF « mutins » étaient à l’origine de l’attaque.
« Les forces armées condamnent dans les termes les plus fermes cette attaque contre les bureaux de la mission (éthiopienne) et expriment leurs plus profonds regrets », indique le communiqué de l’armée.
Aucun commentaire n’était disponible dans l’immédiat sur l’attaque du gouvernement éthiopien.
On ne sait pas non plus s’il y a eu des victimes.
L’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Al Burhan, a eu recours à des frappes aériennes et à l’artillerie lourde dans sa lutte contre les RSF dans la capitale soudanaise, actions qui auraient fait des centaines de victimes parmi les civils depuis le début des combats.
Les RSF, dont le précurseur est une milice notoire basée au Darfour, autrefois connue sous le nom de Janjaweed, sont accusées de pillages à grande échelle dans la capitale ainsi que d’abus flagrants contre les civils. Au Darfour, les RSF et leurs milices arabes alliées sont accusées d’avoir pris pour cible des membres de communautés ethniques africaines, tuant des milliers de personnes et en forçant de nombreuses autres à fuir leurs foyers.
La Cour pénale internationale a déclaré qu’elle enquêtait sur des crimes de guerre présumés commis par les RSF au Darfour.
Par ailleurs, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Norvège et l’Allemagne envisagent de soumettre une motion au Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour ouvrir une enquête sur les atrocités présumées au Soudan, a montré vendredi un projet de motion.
Les combats ont contraint plus de cinq millions de personnes à quitter leur foyer, dont environ un million qui ont trouvé refuge hors du Soudan, principalement dans les pays voisins.
Des millions d’autres sont piégés dans la capitale soudanaise, confrontés à de longues coupures d’eau et d’électricité, à des soins de santé rares et à la flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant.
Les premiers jours des combats ont vu les combattants de RSF prendre d’assaut et vandaliser les ambassades étrangères et les bureaux d’organisations internationales.