Madagascar : la police ouvre le feu sur des civils, 19 morts et 28 blessés

Dix-neuf personnes ont été tuées et 28 blessées lundi à Madagascar après que des gendarmes ont ouvert le feu sur des habitants en colère suite à une sombre affaire d’enlèvement, ont indiqué à l’AFP des sources locales et médicales.

« Les gendarmes (…) ont tiré sur la foule », a déclaré Jean Brunelle Razafintsiandraofa, député de la circonscription Est d’Ikongo, où s’est produit l’incident.

« Neuf personnes sont mortes sur place », a déclaré Tango Oscar Toky, médecin-chef de l’hôpital local. Et sur 33 blessés reçus dans la matinée, cinq sont décédés à l’hôpital, a-t-il ajouté.

Vers 08h00 GMT, des coups de feu ont retenti à Ikongo. Depuis la semaine dernière, la petite commune est sous le choc : un enfant, albinos, a disparu et les autorités soupçonnent un enlèvement.

Sur la grande île de l’océan Indien, les personnes atteintes d’albinisme sont régulièrement la cible de violences. Plus d’une douzaine d’enlèvements, d’attaques et de meurtres ont été signalés au cours des deux dernières années, selon les Nations Unies.

Quatre suspects ont été interpellés par les gendarmes. Mais les habitants sont déterminés à se faire justice eux-mêmes.

Dans la matinée, ils se sont rendus à la caserne de gendarmerie et ont exigé la remise des quatre suspects, selon Razafintsiandraofa.

Selon une source gendarmerie, au moins 500 personnes se sont présentées, certaines avec des « armes blanches » et des « machettes ».

« Il y a eu des négociations, les villageois ont insisté », a déclaré la source. Les gendarmes décident alors de lancer des fumigènes pour disperser la foule et tirent quelques coups de feu en l’air.

Mais les habitants ont continué d’essayer de pénétrer de force dans la caserne. « Nous n’avions pas d’autre choix que de nous défendre… » a déclaré la même source.

La police malgache est régulièrement pointée du doigt par la société civile pour des violations des droits humains, qui sont rarement poursuivies.