Madagascar : deux colonels accusés de tentative de « déstabilisation du pouvoir »

Deux colonels de l’armée malgache ont été inculpés et détenus pour avoir tenté de « contester » l’élection présidentielle et de « déstabiliser le gouvernement » à l’approche du récent scrutin qui s’est déroulé dans une atmosphère tendue, ont indiqué mardi le parquet et la gendarmerie. .

« Deux colonels de l’armée malgache ont tenté de soudoyer des commandants de bataillon dans la ville d’Antananarivo dans le but de les inciter à la mutinerie », a déclaré à l’AFP Tahina Ravelomanana, chef de la section criminelle de la gendarmerie.

Ils ont agi « en vue de contester les élections et de déstabiliser le gouvernement », a-t-il expliqué.

Dans les semaines précédant le premier tour du scrutin, le 16 novembre, les deux officiers supérieurs ont offert l’équivalent de près de 25 000 euros à plusieurs responsables de l’armée pour inciter les soldats à provoquer des troubles.

Ces fonctionnaires ont refusé le pot-de-vin et ont dénoncé les deux hommes à l’état-major, qui a porté plainte.

Les deux hommes ont été inculpés de « menace à la sûreté de l’Etat », a indiqué le procureur d’Antananarivo, Narindra Rakotoniaina. « Ils ont été placés en garde à vue lundi et détenus jusqu’à leur audience le 16 janvier ».

Le président sortant, Andry Rajoelina, a été déclaré samedi vainqueur du premier tour de l’élection présidentielle par la commission électorale.

Le processus électoral s’est déroulé dans un contexte de fortes tensions entre le camp du président sortant et un groupe d’une dizaine de candidats de l’opposition, qui ont organisé des manifestations régulières dans la capitale plusieurs semaines avant le scrutin.

Appelant les électeurs à ne pas se rendre aux urnes, ils ont dénoncé les manœuvres gouvernementales visant à assurer un second mandat à M. Rajoelina. L’opposition a signalé des irrégularités lors du vote et a déclaré qu’elle n’en reconnaissait pas les résultats.

Deux recours en annulation du scrutin ont été déposés auprès de la Haute Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays, chargée d’annoncer les résultats définitifs au plus tard le 4 décembre. Élu en 2018, Andry Rajoelina est arrivé au pouvoir en 2009 à la suite d’une mutinerie qui a renversé l’ancien président Marc Ravalomanana.

Depuis son indépendance de la France en 1960, les élections sur cette grande île de l’océan Indien se sont rarement déroulées sans s’accompagner de conflits ou d’une crise.