L’ONU a critiqué les généraux nigériens qui ont mené un coup d’État pour prendre le pouvoir dans le pays « sur un coup de tête », alors que le bloc régional ouest-africain, la Cedeao, devrait prendre une décision sur une intervention militaire pour restaurer le gouvernement démocratiquement élu.
« La notion même de liberté au Niger est en jeu », a déclaré vendredi le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Turk.
« Les généraux ne peuvent pas prendre sur eux de défier – sur un coup de tête – la volonté du peuple », a-t-il déclaré. « Le règne des armes n’a pas sa place dans le monde d’aujourd’hui. »
Le mois dernier, un coup d’État mené par le général Abdourahmane Tchiani a renversé le président nigérien Mohamed Bazoum. Il est depuis détenu par la junte et menacé d’accusation de trahison.
Les chefs militaires d’Afrique de l’Ouest ont entamé jeudi leurs pourparlers sur la crise au Niger, au Ghana.
Le recours à la force reste un dernier recours mais « si tout le reste échoue, les vaillantes forces de l’Afrique de l’Ouest… sont prêtes à répondre à l’appel du devoir », a déclaré au début le commissaire de la Cedeao chargé des affaires politiques, de la paix et de la sécurité, Abdel-Fatau Musah. de l’événement jeudi.
S’adressant à l’Associated Press, un Boubacar Sabo, un haut responsable du parti politique de M. Bazoum, a déclaré qu’il avait été kidnappé par des membres de la garde présidentielle qui l’ont renversé le 26 juillet et l’ont depuis assigné à résidence.
« Ce qui se passe au Niger, si cela réussit, c’est la fin de la démocratie en Afrique. C’est fini. Si nous luttons aujourd’hui, c’est pour empêcher que ce genre de choses ne se produisent et pour assurer un avenir à notre continent », a déclaré M. Sabo.
Les détails d’une éventuelle opération au Niger n’ont pas été divulgués et les analystes affirment que toute intervention serait politiquement et militairement risquée, en particulier pour l’acteur régional Nigeria.
Le Nigeria a déjà du mal à contenir la violence de plusieurs groupes armés dans son pays, et les dirigeants du nord du pays ont mis en garde contre les retombées du Niger au-delà de la frontière en cas d’intervention.
Les troupes de la Cedeao sont intervenues dans d’autres situations d’urgence depuis 1990, notamment dans les guerres civiles au Libéria et en Sierra Leone. La Côte d’Ivoire, le Bénin et le Nigeria devraient contribuer en troupes à une mission au Niger.
Les putschistes du Niger ont mis en garde contre toute frappe militaire, mais ils se sont également déclarés ouverts aux négociations.
Les gouvernements militaires du Mali et du Burkina Faso voisins ont également déclaré qu’une intervention au Niger serait considérée comme une déclaration de guerre contre eux.
La Russie et les États-Unis ont appelé à une solution diplomatique à la crise.
La Cedeao a déjà appliqué des sanctions commerciales et financières au Niger tandis que la France, l’Allemagne et les États-Unis ont suspendu leurs programmes d’aide.
L’Allemagne a également déclaré qu’elle souhaitait que l’UE impose des sanctions aux putschistes, affirmant que la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock avait eu des entretiens avec ses homologues français et américain.