Alors que Madagascar se prépare à son élection présidentielle, six personnalités influentes de l’opposition, dont deux anciens présidents, ont déclaré leur refus de participer au prochain scrutin. Dans une déclaration commune, ces leaders de l’opposition ont annoncé leur décision de boycotter le scrutin et appelé le peuple malgache à s’abstenir de voter. Cette décision ajoute encore plus de complexité à un paysage politique déjà tumultueux dans la nation insulaire.
Les tensions politiques à Madagascar s’intensifient depuis des mois, marquées par d’intenses affrontements entre l’opposition et le président sortant, Andry Rajoelina, candidat à sa réélection à l’âge de 49 ans. L’opposition, composée de dix candidats, a constitué un collectif, dénonçant ce qu’ils prétendent être un complot visant à assurer un second mandat à Rajoelina. En réponse, ils ont choisi de s’abstenir de faire campagne.
Antananarivo, la capitale, a connu une recrudescence des manifestations de l’opposition depuis début octobre. Cependant, ces rassemblements, souvent confrontés à des tirs de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre, ont connu une participation limitée, avec seulement quelques centaines de partisans présents.
La décision de boycotter l’élection a été renforcée par les déclarations de deux anciens présidents, Hery Rajaonarimampianina et Marc Ravalomanana. Tous deux ont déclaré publiquement leur non-participation au scrutin et ont pris une mesure supplémentaire en encourageant les citoyens malgaches à s’abstenir de voter.
Les racines de la crise politique résident dans la révélation en juin de la double nationalité de Rajoelina, malgache et française. Selon l’opposition, cette révélation rend le président sortant inéligible à gouverner ou à se présenter aux élections, car il aurait perdu sa nationalité malgache en acquérant la nationalité française en 2014.
L’ancien président Rajaonarimampianina, 65 ans, a déclaré sans équivoque : « Je ne me présenterai pas aux élections, c’est très clair ». Ravalomanana, 73 ans, a fait écho à ce sentiment, affirmant : « Nous appellerons les gens à ne pas voter » le jour prévu du scrutin.
L’opposition a adopté une position unifiée, qualifiant la situation actuelle de « délétère » et affirmant que le moment n’est pas approprié pour des élections. Ils estiment que le processus électoral a été entaché d’irrégularités et qualifient le rejet de leurs recours par la Haute Cour constitutionnelle de « coup d’État institutionnel ».
Les efforts de médiation dans le conflit se sont jusqu’à présent révélés infructueux, le président de l’Assemblée nationale étant à la tête des tentatives. La situation a conduit au report de l’élection de sa date initiale du 9 novembre, suite à la blessure d’un candidat lors d’une manifestation. La Haute Cour constitutionnelle a évoqué la nécessité d’une « égalité des chances pour les candidats ».
Le camp de Rajoelina a rejeté avec véhémence les appels à la suspension du processus électoral, considérant une telle décision comme « fantaisiste ». Malgré les inquiétudes soulevées par la communauté internationale, notamment de la part des États-Unis et de l’Union européenne, Rajoelina a tenu son dernier meeting de campagne à Antananarivo, attirant une foule nombreuse et fervente.
Cependant, le scepticisme et la désillusion de l’électorat sont évidents. Le candidat de l’opposition Roland Ratsiraka, 57 ans, a critiqué les pratiques de campagne du président, alléguant des paiements douteux aux participants aux rassemblements. Des informations faisant état d’irrégularités, notamment de découragement sur l’inscription des électeurs, ont fait surface, indiquant un défi potentiel pour la crédibilité de l’élection.
Alors que la course à la présidentielle à Madagascar est confrontée à une incertitude croissante, avec le retrait de personnalités de l’opposition et des citoyens exprimant des doutes sur l’intégrité du processus, le pays se trouve à l’aube d’un moment électoral crucial qui pourrait avoir des conséquences considérables sur son avenir politique.