RSF revendique la saisie d’une troisième ville du Darfour à l’armée soudanaise

Les paramilitaires soudanais des Forces de soutien rapide ont annoncé la prise d’une troisième ville de la région du Darfour aux mains de l’armée, alors que les deux parties tenaient des pourparlers en Arabie Saoudite pour mettre fin à des mois d’âpres combats qui ont dévasté le pays.

Les combattants des RSF ont capturé El Geneina après avoir envahi la garnison militaire, qui abrite la 15e division d’infanterie, et saisi ses armes et son matériel, ont indiqué les paramilitaires.

Cet été, El Geneina a été le théâtre d’attaques présumées à motivation ethnique perpétrées par RSF et ses alliés arabes locaux contre des membres de la tribu africaine Masalit. Des centaines de personnes ont été tuées et des dizaines de milliers ont été contraintes de fuir par la frontière voisine avec le Tchad.

La Cour pénale internationale a déclaré qu’elle enquêtait sur des allégations de crime de guerre, mais RSF a cherché dimanche à rejeter la faute sur les commandants de la garnison militaire locale.

« Le commandement de la 15e division d’infanterie à El Geneina a joué un rôle malveillant en provoquant la mort de nos frères du Darfour occidental en allumant le feu de la sédition et en l’attisant avec la distribution d’armes », indique dimanche soir un communiqué de RSF.

« Cela a à son tour conduit à la mort, au déplacement et à la migration des citoyens de l’État vers d’autres endroits à l’intérieur et à l’extérieur du Soudan », ajoute-t-il.

Les RSF ont également été accusées par la CPI de crimes de guerre lors de la guerre civile au Darfour dans les années 2000, lorsque les paramilitaires, dont le précurseur était une milice notoire basée au Darfour appelée Janjaweed, combattaient aux côtés du gouvernement contre les rebelles d’origine africaine.

La nouvelle de la capture d’El Geneina a été suivie quelques heures plus tard par la diffusion en ligne d’un clip vidéo censé montrer des membres de la 15e division d’infanterie et leurs armes après leur fuite vers le Tchad.

L’authenticité de la vidéo n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante, mais les hommes portaient des uniformes de l’armée soudanaise et les plaques d’immatriculation de leurs véhicules correspondaient à celles des forces armées soudanaises.

El Geneina est la troisième ville du Darfour tenue par l’armée à tomber aux mains des RSF en deux semaines, après Zalingi au début du mois et Nyala fin octobre. Les RSF seraient sur le point de capturer une quatrième ville, El Fasher, ainsi qu’El Obeid, dans l’État voisin du Kordofan.

Les gains des RSF coïncident avec la reprise des négociations de paix avec l’armée, tenues dans la ville saoudienne de Djeddah et négociées par les Saoudiens et les États-Unis. Les pourparlers visent à parvenir à une trêve pour permettre à l’aide humanitaire d’atteindre les millions de personnes au Soudan qui ont été touchées par les combats qui ont éclaté à la mi-avril.

On ne sait pas si les négociations ont progressé depuis leur reprise fin octobre.

La guerre a tué environ 10 000 personnes et forcé près de six millions de personnes à fuir leurs foyers, créant une crise humanitaire massive.

Pendant ce temps, au moins 20 personnes ont été tuées lorsque des obus ont frappé un marché à Omdurman, l’une des trois villes composant la grande région de la capitale, selon un comité d’avocats pro-démocratie qui suit les violations des droits et les victimes civiles dans le conflit.

Le marché a été touché lors d’un intense échange de tirs entre l’armée et les RSF, a indiqué le comité dans un communiqué reçu par l’AFP.

« Plus de 20 civils ont été tués et d’autres blessés », indique le communiqué.

Samedi, une source médicale a indiqué que des obus avaient également touché des maisons à Khartoum, tuant 15 civils.

L’armée a eu recours à des frappes aériennes et à des tirs d’artillerie pour déloger les combattants des RSF déployés profondément dans les zones résidentielles de Khartoum, Omdurman et Bahri – les trois villes de la capitale tripartite – où les paramilitaires exercent un contrôle virtuel sur le terrain. L’armée est principalement confinée dans des bases réparties dans la capitale, ainsi que dans les régions de l’est, du nord et du centre du Soudan.