La commission électorale malgache a pris acte lundi de la candidature à la prochaine élection présidentielle du chef de l’Etat sortant, Andry Rajoelina, freinée ces derniers mois par une polémique autour de sa nationalité finalement balayée par la justice, a constaté un journaliste de l’AFP. .
Dans une salle comble au siège de l’organisation dans la capitale Antananarivo, le président de la commission a tiré au sort un numéro pour chacun des 13 candidats officiels : sur la grande île de l’océan Indien, les électeurs votent avec un bulletin unique et l’ordre d’affichage des candidats est un enjeu, ou pour certains, un signe.
« Avoir tiré au sort le numéro trois n’est pas un hasard, c’est la Trinité (…) Ce sont les trois gagnants, le père, le fils et le Saint-Esprit », a immédiatement interprété Rajoelina, interrogé par l’AFP.
Les Malgaches se rendront aux urnes le 9 novembre pour le premier tour. La seconde est prévue le 20 décembre. Rajoelina a lancé sa campagne la semaine dernière, lors d’une cérémonie mêlant concert, écrans géants et drapeaux à son effigie. Plusieurs milliers de supporters ont assisté au spectacle.
Samedi, la Cour constitutionnelle a levé un obstacle en rejetant trois recours qui demandaient que la candidature d’Andry Rajoelina soit déclarée invalide « faute de nationalité malgache ».
Fin juin, une information fuitée dans la presse révélait que le président avait été naturalisé français en catimini en 2014, déclenchant une polémique dans le pays. Selon le code de la nationalité malgache, il est alors censé perdre sa nationalité malgache. Et sans cette nationalité, il ne peut ni diriger le pays ni être candidat à une élection.
Mais la justice, dans une décision publiée samedi soir, a jugé « irrecevables » les recours en ce sens déposés en septembre par trois partis d’opposition. Et Andry Rajoelina a cessé d’exercer le pouvoir ce week-end, comme le prévoit la Constitution en période de campagne.
Le président du Sénat, qui devait assurer l’intérim, a cependant invoqué des « raisons personnelles » et a laissé les rênes à un « gouvernement collégial » dirigé par le Premier ministre Christian Ntsay, proche de Rajoelina.
Selon l’opposant et candidat Siteny Randrianasoloniaiko, qui s’est dit « inquiet pour la démocratie à Madagascar », le président du Sénat « a subi des pressions ». « Nous ne pouvons pas avoir confiance dans la neutralité de ce gouvernement collégial », a ajouté un représentant d’un autre parti d’opposition, Alain Désiré Rasambany.
Madagascar est l’un des pays les plus pauvres de la planète et près de 80 % de la population vit avec moins de 1,80 euro par jour.