Le chef militaire soudanais, le général Abdel Fattah Al Burhan, a publié un décret dissolvant les paramilitaires que ses troupes combattent dans une guerre ruineuse depuis avril.
Le décret, publié mercredi soir, fait suite à un échange de critiques cinglantes entre le général Al Burhan et son ancien adjoint et allié, le commandant des Forces de soutien rapide, le général Mohamed Dagalo, mieux connu sous son surnom de Hemedti.
Cela intervient un jour après que les États-Unis ont sanctionné le chef adjoint de RSF pour son implication dans des violations des droits humains commises par ses combattants.
Le général Al Burhan a déjà licencié le général Dagalo de son poste de vice-président du Conseil de souveraineté au pouvoir, dirigé par l’armée. Le général Al Burhan est le président du conseil. Il a également gelé les avoirs et les comptes bancaires du groupe.
Le décret a été publié quelques heures seulement après l’annonce d’au moins 32 civils tués et des dizaines d’autres blessés dans les frappes d’artillerie de l’armée soudanaise mardi, l’un des bilans les plus élevés en une seule journée de combat depuis le début de la guerre en avril, selon le groupe militant Emergency Lawyers.
Le groupe a déclaré que la frappe avait eu lieu à Ombada, dans l’ouest d’Omdurman, un quartier qui a connu plusieurs frappes meurtrières.
L’armée a eu recours à l’artillerie lourde et à des frappes aériennes pour cibler les positions des RSF à Khartoum, causant de lourdes pertes civiles. Les RSF exercent un contrôle quasi total sur le terrain à Khartoum, avec des milliers de leurs combattants déployés au plus profond des zones résidentielles.
Après près de cinq mois de guerre entre l’armée et les RSF, la décision de dissoudre ces dernières apparaît surtout symbolique. Cependant, cela réduit effectivement les RSF à un groupe de combattants mutins et risque d’avoir un impact sur ses relations avec les pays de la région.
Cela porte également un coup dur aux perspectives d’une fin négociée à la guerre qui a créé une crise humanitaire massive, notamment le déplacement de plus de cinq millions de personnes.
Le précurseur des RSF est une milice arabe notoire qui a combattu aux côtés du gouvernement pour réprimer une révolte de groupes ethniques africains au Darfour dans les années 2000. L’ancien dirigeant Omar Al Bashir, évincé en 2019, l’a ensuite légitimé en en faisant une branche des forces armées et en donnant au général Dagalo, qui n’a pas fréquenté l’académie militaire, le grade de général.
Les RSF ont continué à bénéficier d’un large degré d’autonomie et du patronage d’Al Bashir, qui aurait utilisé les paramilitaires pour protéger son pouvoir contre d’éventuelles tentatives de remplacement par des généraux de l’armée.
Les RSF ont agi rapidement après la destitution d’Al Bashir pour développer leurs ressources, construisant un empire économique centré sur l’exploitation de l’or et devenant une force bien armée de 100 000 hommes.
« Le décret est basé sur les conséquences de la mutinerie de cette force contre l’Etat et les violations flagrantes qu’elle a commises contre les citoyens et la destruction des infrastructures de la nation », a déclaré l’agence de presse officielle soudanaise Suna.
Depuis le début de la guerre, les RSF ont été accusées de pillages à grande échelle à Khartoum et d’avoir mené des attaques génocidaires contre des civils du Darfour issus de communautés ethniques africaines, tuant des milliers de personnes et forçant des dizaines de milliers de personnes à fuir vers le Tchad voisin. Il est également accusé de violences sexuelles à Khartoum et au Darfour.