Le Niger s’apprête à connaître des manifestations appelant à l’expulsion de 1 500 soldats français

Le gouvernement militaire nouvellement installé au Niger soutient ce week-end les manifestations appelant au retrait des troupes françaises du pays.

La France dispose d’environ 1 500 soldats au Niger, qui font partie d’un contingent multinational, aux côtés des troupes américaines, qui conseillait l’armée dans les opérations antiterroristes contre les groupes militants liés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique.

Mais à la suite de la prise de pouvoir par l’armée le 26 juillet, qui a renversé le gouvernement du président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, l’armée a suspendu l’accord de coopération avec les forces étrangères.

Citant en particulier la France, la junte a déclaré que l’on ne faisait pas assez pour contrer l’insurrection militante qui s’aggrave.

Le chômage des jeunes au Niger a oscillé autour de 40 pour cent ces dernières années et de nombreux Nigériens affirment que la France a tenté d’imposer une hégémonie économique sur ce vaste pays d’Afrique de l’Ouest de 25 millions d’habitants.

La France est l’un des plus grands donateurs d’aide au Niger, une ancienne colonie, mais a suspendu environ 131 millions de dollars d’aide économique à la suite du coup d’État.

Une grande partie de l’aide que le pays reçoit – près de 2 milliards de dollars par an – vient de l’UE, principalement pour soutenir l’armée. Les analystes affirment que l’aide étrangère représente au moins 9 pour cent du budget du pays, mais la junte a exploité le sentiment anti-français pour soutenir le nouveau régime.

Une coalition de groupes de la société civile opposés à la présence des forces françaises au Niger a convoqué un sit-in de protestation qui doit prendre fin dimanche soir.

La manifestation, organisée par le groupe M62, devrait avoir lieu dans le centre de Niamey pour exiger le départ du contingent français.

Par ailleurs, un autre groupe de la société civile, le Front patriotique pour la souveraineté du Niger, a également convoqué un sit-in « permanent ».

Démarrée samedi, elle se poursuivra « jusqu’au départ de tous les militaires français », précisent les organisateurs.

La querelle s’est intensifiée cette semaine lorsque le régime militaire du Niger a levé l’immunité diplomatique de l’ambassadeur de France et ordonné à la police de l’expulser, selon une lettre consultée jeudi par l’AFP.

Les autorités avaient déjà donné vendredi dernier à l’envoyé français Sylvain Itte 48 heures pour quitter le pays.

La France a refusé cette demande, affirmant que le gouvernement n’avait aucun droit légal de prendre une telle ordonnance.

Le porte-parole de l’armée française, le colonel Pierre Gaudillière, a averti jeudi que « les forces militaires françaises sont prêtes à répondre à tout regain de tension qui pourrait nuire aux locaux diplomatiques et militaires français au Niger ».

« Des mesures ont été prises pour protéger ces locaux », a-t-il précisé.

Jeudi, les voitures quittant l’ambassade de France au Niger ont été systématiquement fouillées par les forces de sécurité, ont indiqué à l’AFP des habitants du quartier.

Le délai dans un autre dossier épineux entre la France et le Niger pourrait également expirer ce week-end.

Le 3 août, les nouveaux dirigeants du Niger ont dénoncé les accords militaires avec la France, une décision que le gouvernement de Paris a également ignorée pour des raisons de légitimité.

Les accords couvrent des périodes différentes, mais l’un d’entre eux, datant de 2012, devait expirer d’ici un mois, selon les responsables militaires.

Le nouveau régime militaire du Niger fait face à des appels à une transition vers un régime civil d’ici quelques mois.

L’Algérie, voisin influent du nord du Niger, a proposé une transition de six mois.

Les dirigeants militaires n’ont jusqu’à présent pas répondu à ces suggestions, après avoir parlé auparavant d’une période de rétrocession de trois ans.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, un bloc régional, a averti qu’elle pourrait intervenir militairement pour rétablir un régime civil si les efforts visant à mettre fin à la crise par la voie diplomatique échouaient.

La CEDEAO a également imposé des sanctions au Niger après le coup d’État.