Le cyclone Batsirai a frappé samedi la région orientale de Madagascar avec des vents violents et de fortes pluies, la deuxième tempête à frapper la nation insulaire en quelques semaines seulement, a déclaré un météorologue chevronné.
Batsirai a touché terre dans le district de Mananjary, à plus de 530 kilomètres (310 miles) au sud-est de la capitale Antananarivo, au milieu d’avertissements de « dégâts généralisés ».
« Je confirme que Batsirai a touché Mananjary vers 20h00 (17h00 GMT) heure locale », a déclaré à l’AFP par téléphone le météorologue Lovandrainy Ratovharisoa, sans donner plus de détails.
Le bureau météorologique national avait précédemment prévu des vents allant jusqu’à 165 kilomètres par heure (102 miles par heure).
« Des dégâts importants et étendus sont donc à craindre », a-t-il averti.
Le service météorologique de Météo-France, quant à lui, avait mis en garde contre des vents pouvant atteindre 260 kilomètres par heure (162 miles par heure) et des vagues pouvant atteindre 15 mètres (50 pieds).
Il avait prédit que Batsirai toucherait terre sous la forme d’un cyclone tropical intense, « présentant une menace très sérieuse pour la région » après avoir traversé Maurice et inondé l’île française de La Réunion de pluies torrentielles pendant deux jours.
Dans les heures qui ont précédé le passage du cyclone, les habitants se sont réfugiés dans ce pays appauvri, se remettant encore de la tempête tropicale meurtrière Ana à la fin du mois dernier.
« Cuisiner avec de l’eau sale »
Dans la ville côtière orientale de Vatomandry, plus de 200 personnes étaient entassées dans une pièce d’un bâtiment en béton appartenant à des Chinois.
Les familles dormaient sur des nattes ou des matelas.
Le chef de la communauté, Thierry Louison Leaby, a déploré le manque d’eau potable après que la compagnie des eaux ait coupé l’approvisionnement avant le cyclone.
« Les gens cuisinent avec de l’eau sale », a-t-il dit, au milieu des craintes d’une épidémie de diarrhée.
À l’extérieur, des plats et des seaux en plastique ont été placés en ligne pour recueillir l’eau de pluie qui s’égoutte des tôles ondulées de la toiture.
« Le gouvernement doit absolument nous aider. On ne nous a rien donné », a-t-il déclaré.
Les résidents qui ont choisi de rester dans leurs maisons ont utilisé des sacs de sable et des jerrycans jaunes pour étayer leurs toits.
D’autres habitants de Vatomandry stockaient des fournitures en prévision de la tempête.
« On fait des réserves depuis une semaine, du riz mais aussi des céréales car avec les coupures d’électricité on ne peut plus garder de viande ni de poisson », explique Odette Nirina, 65 ans, hôtelière à Vatomandry.
« J’ai aussi fait des réserves de charbon. Ici, nous sommes habitués aux cyclones », explique-t-elle à l’AFP.
Des vents de plus de 50 kilomètres à l’heure (30 milles à l’heure) ont frappé Vatomandry samedi matin, accompagnés de pluies intermittentes.
‘Très nerveux’
L’ONU a déclaré qu’elle intensifiait sa préparation avec les agences d’aide, plaçant des avions de sauvetage en attente et stockant des fournitures humanitaires.
L’impact de Batsirai sur Madagascar devrait être « considérable », a déclaré vendredi à la presse à Genève Jens Laerke, porte-parole de l’organisation humanitaire de l’ONU OCHA.
Au moins 131 000 personnes ont été touchées par Ana à travers Madagascar fin janvier. Au moins 58 personnes ont été tuées, principalement dans la capitale Antananarivo.
Cette tempête a également frappé le Malawi, le Mozambique et le Zimbabwe, faisant des dizaines de morts.
Le Programme alimentaire mondial de l’ONU a souligné les estimations des autorités nationales selon lesquelles quelque 595 000 personnes pourraient être directement touchées par Batsirai et 150 000 autres pourraient être déplacées en raison de nouveaux glissements de terrain et inondations.
« Nous sommes très nerveux », a déclaré Pasqualina Di Sirio, qui dirige l’opération du PAM à Madagascar, aux journalistes par liaison vidéo depuis l’île.
Les équipes de recherche et de sauvetage ont été mises en alerte.
À l’intérieur des terres, dans la ville d’Ampasipotsy Gare, assis au-dessus de sa maison, Tsarafidy Ben Ali, un vendeur de charbon de 23 ans, a maintenu des tôles ondulées sur le toit avec de grands sacs remplis de terre.
« Les rafales de vent vont être très fortes. C’est pourquoi nous renforçons les toits », a-t-il déclaré à l’AFP.
La tempête représente un risque pour au moins 4,4 millions de personnes d’une manière ou d’une autre, a déclaré la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.