Madagascar, grand État insulaire de l’océan Indien où se tiendra jeudi le premier tour de l’élection présidentielle, est l’un des pays les plus pauvres du monde, malgré ses ressources naturelles considérables.
– Une biodiversité exceptionnelleL’île est la quatrième plus grande au monde, avec une superficie de 587 000 km2, soit plus grande que la France. Elle abrite près de 29 millions de personnes.
Le pays est régulièrement balayé par des cyclones et des tempêtes tropicales. En février, Freddy a tué au moins sept personnes. En 2022, Batsirai avait déjà fait plus de 120 morts, détruit des milliers d’habitations et dévasté les récoltes.
Madagascar bénéficie d’une biodiversité exceptionnelle, mais de nombreuses espèces animales et végétales, pour certaines menacées, sont victimes du trafic : bois de rose, tortues, lémuriens, reptiles et hippocampes.
– La vanille, l’or vertLe pays est le premier producteur mondial de vanille. Très utilisée en parfumerie et en confiserie, l’épice est l’une des plus chères au monde, après le safran.
Les fermes de vanille, principalement situées au nord-est de l’île, ont la particularité de devoir être pollinisées à la main, contrairement à d’autres régions productrices comme l’Amérique du Sud, où une abeille pollinise la fleur.
Après la pandémie de Covid, le gouvernement a imposé un prix plancher de 250 dollars le kilo, pour se prémunir contre un effondrement soudain du marché. Mais cette politique a conduit à une impasse, poussant les acheteurs étrangers vers d’autres pays producteurs où les prix étaient plus bas.
Les exportations ont chuté à 546,6 millions de dollars en 2022, contre 617,4 millions de dollars en 2021, selon la Banque centrale de Madagascar. Le gouvernement a récemment annoncé un retour à la libéralisation des marchés.
– PauvretéMalgré sa richesse naturelle, Madagascar est en proie à une croissance lente depuis des décennies, laissant une grande partie de la population dans la pauvreté.
Le pays a l’un des taux de pauvreté les plus élevés de la planète, atteignant 75 % d’ici 2022, selon la Banque mondiale. Le revenu par habitant est inférieur à 500 dollars par an.
L’économie devrait connaître une croissance de 4 % en 2023, ce qui est insuffisant dans un pays qui connaît également une croissance démographique rapide.
Une vaste zone du sud de l’île est touchée par la pire sécheresse depuis 40 ans. Au moins 1,3 million de Malgaches souffrent de malnutrition et le pays est le premier à faire face à une détresse alimentaire liée au réchauffement climatique, selon l’ONU.
– Crises politiquesDepuis son indépendance de la France en 1960, Madagascar a été en proie à des crises politiques successives, avec des protestations de l’opposition appelant à une élection présidentielle « juste et équitable ».
Le premier président de la République malgache, Philibert Tsiranana, a été contraint de céder le pouvoir à l’armée en 1972 après la répression sanglante d’un soulèvement populaire.
Son successeur en 1975, Didier Ratsiraka, fut lui aussi contraint de démissionner après un mouvement de contestation au début des années 1990, avant de revenir en 1996.
Le millionnaire Marc Ravalomanana lui succède en 2002, après qu’une crise post-électorale ait dégénéré en affrontements armés entre ses partisans et ceux de Ratsiraka. M. Ravalomanana a été réélu en 2006.
– L’ère RajoelinaEn 2009, Andry Rajoelina, actuel chef de l’Etat puis maire d’Antananarivo, avait rassemblé plus de 20 000 personnes dans la capitale pour des manifestations entachées de violences. Les militaires ont remis le pouvoir à M. Rajoelina, qui a dû attendre 2018 pour être définitivement élu.
En juin, la presse révélait qu’il avait été naturalisé français en 2014. Selon ses détracteurs, le président sortant a depuis perdu sa nationalité malgache et ne peut ni se présenter aux élections ni gouverner.
Le rejet par la justice en septembre de trois recours réclamant l’invalidation de sa candidature a déclenché une vague de protestations de l’opposition.