Une frappe aérienne de l’armée soudanaise visant les positions des forces paramilitaires de soutien rapide rivales a tué dimanche de nombreux civils, dont des femmes et des enfants, dans la capitale soudanaise, Khartoum, ont indiqué des habitants.
Cette frappe aérienne intervient alors que les combats reprennent entre les RSF et l’armée pour le contrôle d’une base militaire clé de la ville, où les paramilitaires ont fait des avancées significatives dans les combats le mois dernier.
La base d’Al Shagarah, qui abrite le quartier général des corps blindés de l’armée, a accueilli le mois dernier certains des combats les plus féroces entre l’armée et les RSF depuis le début des combats à la mi-avril.
De lourdes pertes auraient été infligées des deux côtés lors des combats, tuant de nombreux civils vivant dans les zones résidentielles voisines.
Les RSF contrôleraient plus de la moitié de ce vaste complexe, laissant les troupes de l’armée assiégées dans une section faisant face au Nil. La base dispose de grands hangars de réparation et d’entretien, de dépôts d’armes, de champs de tir et de dizaines de chars et de véhicules blindés.
Les habitants ont utilisé les réseaux sociaux pour annoncer la mort de leurs proches lors de la frappe aérienne de dimanche.
« Mon épouse bien-aimée et la mère de mes enfants Mona, Ismail, Adam et ma nièce Naglaa Ibrahim ainsi que 34 autres personnes, dont 12 enfants et 19 femmes, sont mortes à la suite d’une frappe aérienne aujourd’hui à Omdurman », a écrit Mohammed, un utilisateur de Facebook. Ahmed Senten.
Il n’a pas précisé comment il avait eu connaissance des 34 autres décès.
Des habitants et des militants ont déclaré qu’au moins 20 personnes avaient été tuées dimanche dans une frappe aérienne dans le sud de Khartoum, a rapporté l’AFP, citant le comité de résistance du quartier, un groupe de bénévoles qui a joué un rôle de premier plan dans l’organisation de rassemblements en faveur de la démocratie avant la guerre. L’organisation vient désormais en aide aux familles prises entre deux feux entre l’armée et les RSF.
Il n’était pas clair dans l’immédiat si les civils avaient été tués dans une ou deux frappes aériennes. L’armée n’avait pas évoqué les frappes dimanche soir.
L’armée a déjà eu recours à des frappes aériennes et à l’artillerie lourde contre les RSF, causant souvent des victimes civiles. Une frappe aérienne le 8 juillet a tué environ 24 civils.
Les RSF, en revanche, contrôlent la majeure partie de Khartoum, avec leurs combattants armés légers et aguerris, profondément ancrés dans les quartiers résidentiels, utilisant les maisons dont ils se sont emparés comme bases.
Un habitant, Anas Sidahmed, a déclaré que le bruit de l’artillerie lourde et des tirs sur la base d’Al Shagarah avait secoué la ville tôt dimanche.
« On voit des colonnes de fumée s’élever au-dessus de la ville. Le ciel est couvert et il y a une forte activité aérienne », a-t-il déclaré.
La guerre au Soudan, une lutte pour la suprématie militaire et politique entre deux généraux rivaux, a créé une crise humanitaire massive, avec plus de la moitié de ses 48 millions d’habitants ayant désormais besoin d’aide humanitaire et de protection, a déclaré l’ONU. Six millions de personnes, prévient-il, sont « à un pas de la famine ».
La guerre a également contraint près de cinq millions de Soudanais à fuir leur foyer. Parmi eux, plus d’un million ont traversé la frontière vers les pays voisins.
Parmi les déplacés figurent environ 2,8 millions de Khartoum, selon l’Organisation internationale pour les migrations. Cela représente plus de la moitié de la population d’avant-guerre de la capitale, qui était d’environ cinq millions d’habitants.
Ceux qui se trouvent encore dans la capitale, construite autour du confluent du Nil Blanc et du Nil Bleu, subissent des coupures d’électricité et d’eau, des soins de santé rares et une flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant.
Des centaines de maisons, appartenant pour la plupart à ceux qui ont quitté la ville, ont été pillées par les combattants de RSF.