L’ONU vote la fin de sa mission politique au Soudan déchiré par la guerre

Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté vendredi la fin d’une mission politique au Soudan déchiré par la guerre, après que le ministre des Affaires étrangères par intérim du pays a demandé cette décision au début du mois.

Quatorze des quinze membres du Conseil ont adopté la résolution, tandis que la Russie s’est abstenue.

La résolution met fin au mandat de la mission de l’ONU dans le pays, connue sous le nom d’Unitams, à compter du 3 décembre, exigeant qu’elle prenne fin au cours des trois prochains mois.

Dans le texte, le conseil exprime « son inquiétude face à la violence continue et à la situation humanitaire, en particulier aux violations du droit international humanitaire et aux graves violations et abus des droits de l’homme » au Soudan.

Le document appelle toutes les parties à « cesser immédiatement les hostilités, faciliter l’accès humanitaire… et rechercher une solution négociée au conflit ».

« Soyez clair : le Royaume-Uni n’aurait pas choisi de fermer l’Unitams à ce moment-là », a déclaré James Kariuki, ambassadeur adjoint du Royaume-Uni à l’ONU, qui a rédigé le texte.

« La nécessité pour l’ONU et la communauté internationale de soutenir le peuple soudanais n’a pas diminué. »

Une équipe de pays des Nations Unies fournissant une aide humanitaire et une aide au développement restera dans le pays.

Unitams a été créée en juin 2020 pour soutenir le Soudan pendant sa transition politique vers un régime démocratique.

En octobre 2021, le chemin difficile vers un gouvernement civil a été interrompu lorsque le chef de l’armée, le général Abdel Fattah Al Burhan, a assumé les pleins pouvoirs lors d’un coup d’État.

En avril, avant qu’un accord sur la reprise de la transition démocratique puisse être signé, des combats ont éclaté entre l’armée soudanaise dirigée par Le général Al Burhan et les forces paramilitaires de soutien rapide, dirigées par le général Mohamed Dagalo.

Des milliers de civils ont été tués dans les combats et des millions ont été déplacés.

Quelques semaines après le début du conflit, le général Al Burhan a exigé que le chef de l’Unitams, Volker Perthes, soit limogé, rejetant la responsabilité de la violence sur ses épaules.

M. Perthes a annoncé en septembre qu’il démissionnait, trois mois après que le Soudan l’ait déclaré « persona non grata ».

La semaine dernière, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a nommé le diplomate algérien chevronné Ramtane Lamamra comme son envoyé personnel pour le Soudan. La résolution du Conseil de sécurité encourage toutes les parties à coopérer avec le nouvel envoyé.

Le départ forcé des Unitams constitue un nouveau revers pour l’ONU, qui est déjà confrontée à l’hostilité dans d’autres régions d’Afrique quant à l’efficacité de ses missions politiques et sécuritaires.

Sous la pression de la junte au pouvoir au Mali, le Conseil de sécurité a mis fin en juin à sa mission de maintien de la paix dans le pays.

Louis Charbonneau, directeur de Human Rights Watch de l’ONU, a qualifié la décision du Conseil de sécurité de l’ONU de fermer la mission politique au Soudan de « point culminant de son abdication catastrophique de toute responsabilité envers les civils du Soudan, à un moment où le risque d’atrocités et de violences à grande échelle » l’ampleur des violations des droits de l’homme est plus grande que jamais ».