Le nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, a promis vendredi que les institutions du pays seraient plus démocratiques, deux jours après avoir mené un coup d’État qui a mis fin à 55 ans de règne de la famille Bongo.
« La dissolution des institutions » décrétée mercredi lors du coup d’Etat « est temporaire », a-t-il déclaré dans un discours. « Il s’agit de les réorganiser afin de les rendre plus démocratiques. »
Le général Oligui a également multiplié les contacts avec des groupes nationaux et des intérêts étrangers, rencontrant des membres de la société civile au lendemain d’un discours devant 200 hommes d’affaires à qui il a donné des conférences sur la corruption.
Dans une émission diffusée vendredi à la télévision d’État, il a sévèrement mis en garde les chefs d’entreprise de cet État riche en pétrole contre la « surfacturation » et leur a demandé de s’engager en faveur du « développement du pays ».
« Il est difficile de percevoir, à ce stade, votre engagement ou votre patriotisme à l’égard du développement attendu par nos compatriotes », a-t-il déclaré.
Il s’est engagé à faire en sorte que l’argent surfacturé « revienne à l’État ».
« Cette situation, pour moi, ne peut pas durer et je ne la tolérerai pas », a-t-il ajouté.
Il a également invité des donateurs étrangers, des diplomates et des membres d’organisations internationales à le rencontrer. Les détails de cette réunion restaient flous.
Les ambassades des pays ou des organisations qui ont condamné le coup d’État ont déclaré à l’AFP qu’elles n’avaient pas envoyé leurs plus hauts représentants, mais plutôt des fonctionnaires de rang inférieur.
Le général Oligui, chef de la Garde républicaine d’élite, a mené mercredi un coup d’État contre le président Ali Bongo Ondimba, descendant d’une famille au pouvoir depuis 55 ans.
Cette décision est intervenue peu de temps après que M. Bongo, 64 ans, a été proclamé vainqueur des élections présidentielles organisées ce week-end – un résultat qualifié de fraude par l’opposition.
Que se passe-t-il au Gabon ?
Les putschistes ont affirmé avoir dissous les institutions nationales, annulé les résultats des élections et fermé les frontières.
Le général Oligui doit prêter serment en tant que « président de transition » lundi.
Mais d’autres pays ne l’ont pas reconnu comme le dirigeant légitime du Gabon et il subit des pressions pour qu’il expose clairement ses projets de restauration d’un régime civil.
Parallèlement, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a déclaré au journal Le Figaro que Paris avait suspendu sa coopération militaire avec le nouveau régime.
La France dispose d’environ 400 soldats au Gabon, où ils entraînent l’armée du pays.
Cinq autres pays d’Afrique – le Mali, la Guinée, le Soudan, le Burkina Faso et le Niger – ont subi des coups d’État au cours des trois dernières années.